Maurice Duverger, spécialiste du droit constitutionnel et auteur d'une trentaine d'ouvrages, est décédé dans la nuit du 16 au 17 décembre. Ses obsèques auront lieu lundi 29 décembre.
Le politologue Maurice Duverger, spécialiste du droit constitutionnel, est décédé à l'âge de 97 ans, annonce sa famille dans le carnet du Monde daté de mardi. Né le 5 juin 1917 à Angoulême, cet ancien député européen (1989-94), élu sur la liste du Parti communiste italien (PCI) et chroniqueur durant un demi-siècle pour le journal Le Monde, sera inhumé le 29 décembre au cimetière du Tholonet, dans les Bouches-du-Rhône.Ancien professeur émérite à la Sorbonne et directeur d'études et de recherches à la Fondation nationale des sciences politiques, Maurice Duverger est l'auteur, parmi une trentaine d'ouvrages, des Partis politiques, devenu un classique de sciences politiques.
De Sciences Po au journalisme
Maurice Duverger est attiré très jeune par la politique. En 1933, il adhère à l’Union populaire républicaine. Un engagement qu'il rompt en 1936 pour rejoindre le Parti populaire français (PPF), une formation populiste et anti-parlementaire. Il le quitte trois ans plus tard, déçu de ses déviances vers la droite et se consacre à sa formation de juriste. Il deviendra professeur agrégé de droit public à Poitiers, puis à Bordeaux, où il participera à la création de l'IEP en 1946.La même année, Maurice Duverger publie ses premiers articles dans Le Monde. Rapidement, Hubert Beuve-Méry, le fondateur du célèbre journal, et Maurice Duverger se rapprochent et le politologue le soutient lors de la difficile crise qu'il traverse en 1951. Il deviendra l'une des plus grandes signatures du quotidien.
Mais le politologue ne s'arrête pas là et multiplie ses collaborations. Il écrit pour L'Express, le Nouvel Observateur, El Pais (Espagne) et Corriere della Sera (Italie). Une activité qui ne l'empêche pas d'être l'auteur de nombreux ouvrages, traduits dans une vingtaine de langues. Outre des manuels d'enseignement supérieur, il rédige plusieurs essais politiques et des ouvrages de vulgarisation, comme Les régimes politiques (1965).
Pédagogue, mais critiqué
L'attitude de Maurice Duverger durant les premières années de l'Occupation fut mise en cause à deux reprises. En 1987, le magazine Actuel l'avait accusé d'avoir fait preuve d'antisémitisme dans un commentaire de la revue de Droit public, en 1940-41. Maurice Duverger avait gagné un procès en diffamation contre le mensuel, le tribunal estimant que son commentaire de l'époque n'impliquait aucune approbation de la loi de Vichy. En 2003, la revue l'Histoire lui reprochait d'avoir écrit sous un pseudonyme pour un journal collaborationniste de Bordeaux.Partisan du système présidentiel favorisant le dualisme droite-gauche et l'alternance, condition selon lui, d'une démocratie qui ne serait plus une "démocratie sans le peuple". Ses prises de position marquées au centre gauche n'ont pas été épargnées des critiques.
Candidat à deux reprises à l'Académie française (1978 et 1987), il était grand officier de la Légion d'honneur et commandeur de l'ordre national du mérite.
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